Homélie de mariage du voilier

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HOMELIE DE MARIAGE DU VOILIER

 

Chère N, Cher M,  

Dans quelques instants, vous allez échanger vos consentements, ici dans cette église.

Pour préparer ce mariage, N et M, vous avez suivi une préparation d’une journée avec d’autres couples puis nous nous sommes rencontrés plusieurs fois pour approfondir le sens du mariage religieux, le sens du sacrement de mariage. A cette occasion, vous m’avez partagé votre histoire et le choix des textes bibliques que nous avons lus à l’instant.

Ainsi, le cantique des cantiques, et le Psaume 148 que nous avons entendus et l’Evangile de Saint Matthieu sont imprégnés de l’amour, et nous avons entendu qu’aimer c’est bien aussi entrer à la suite du Christ dans ce grand courant d’amour qui donne, et pardonne, sans mesure.

En effet, comme nous le dit St Matthieu « l’homme s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair ».

Mais au-delà de ces textes, je voudrais vous proposer une allégorie maritime pour mieux illustrer ce qu’est le mariage chrétien.

En effet, le mariage est un peu comme un bateau. Je ne parle pas des petites barquettes de pécheurs d’étang ou des péniches qui circulent sur les canaux. Non, le mariage serait plutôt comme un voilier, un bateau de haute mer.

Déjà, avant de partir en mer, on s’assure de la météo. C'est-à-dire pour le mariage, au-delà de mon désir de prendre la mer, au-delà de mon désir de l’autre, suis-je prêt à affronter des temps changeants ? C'est-à-dire : suis-je prêt à reconnaitre mes limites et le fait que l’autre sera toujours autre, même dans une relation que l’on pense fusionnelle ?

Ensuite, pour prendre la mer, il faut un cap, un azimut, une direction à suivre, ce qu’on appelle pour le couple un projet de vie, c'est-à-dire un idéal commun de vie vers lequel on veut tendre. Après, dans le mariage comme lors de la navigation en mer on n’atteint pas forcément cet objectif de vie en ligne droite, il faut parfois louvoyer, tirer des bords, c'est-à-dire naviguer à contre courant de la société et se battre contre les vents dominants du pessimisme parfois ambiant, pour atteindre finalement l’idéal de vie que l’on s’est fixé.

Et comme la vie n’est pas un long fleuve tranquille, puisse donc votre couple, N et M, prendre la mer avec le voilier du mariage fin prêt pour le large et la haute mer.

Ainsi, sachez être pour vos amis, vos familles, pour toutes les personnes naufragées de la vie ou perdues sur des radeaux de survie, ballotées dans une mer parfois hostile de notre société, sachez être pour eux et pour tous ceux que vous rencontrerez un port d’appui, une arche d’écoute, d’accueil et de bonheur.

Prenez aussi du temps pour vous, pour jetez l’ancre, pour arrêter votre voilier dans des criques à l’abri du tourbillon de la vie. C'est-à-dire prenez des temps privilégiés, ensemble, juste tous les deux, temps futurs ou vous ne serez pas seulement des parents, mais aussi et avant tout toujours un couple.

Sur le navire de votre couple, vous avez un équipage, des moussaillons. Ce sont vos enfants X, Y et Z. Et oui, l’amour en famille ne se divise pas en fonction du nombre de petits matelots, au contraire l’amour se multiplie à chaque naissance.

Et en cas de gros temps, de tempête dans votre couple, rappelez-vous ce jour, en cette église. Tous les couples peuvent rencontrer du mauvais temps en mer, il suffit alors juste de quelques éléments pour retrouver un temps plus calme : le gilet de sauvetage de la verbalisation : dire ce que je ressens à l’autre.

Il faut aussi souvent, le canot de sauvetage de la volonté : aimer c’est vouloir aimer, surtout dans la durée, et cela même si ma femme, mon mari évolue, change, devient vieux, comme moi d’ailleurs… 

Et enfin, pour retrouver un temps stable vraiment apaisé dans le couple, ne pas oublier comme pour Noé sur son arche, de solliciter la colombe, la colombe du pardon mutuel, notamment pour exprimer des pardons sincères pour les blessures que l’on peut affliger à notre conjoint parfois de manière insidieuse dans le quotidien de nos vies.

Mais il existe aussi la bouée de sauvetage de la prière. C’est-à-dire, remettre à Dieu nos vies dans ce qu’elles ont parfois de plus ordinaire pour se confier à sa bonté : nous sommes enfants de Dieu et son amour pour nous sera toujours présent. Il est présent dans le couple à travers le sacrement du mariage.

Dans notre monde actuel, il ne faut pas chercher les vents faciles qui gonfleront artificiellement les voiles de votre bateau avec l’air du temps. Non, recherchez toujours l’exigence pour vous-même et le sens profond de l’union de l’homme et de la femme dans vos décisions : sachez préserver votre vocation de couple, et si vous sentez que vous perdez le cap, ressortez les lettres d’intention que vous avez rédigées il y a quelques semaines pour formaliser votre engagement dans le mariage. Comme une carte maritime, la lecture de ces lettres d’intention vous permettra de mieux naviguer.

Enfin, si sur l’océan de la vie, des bancs de sable viennent insidieusement menacer votre voilier,

-         comme peuvent l’être une addiction au smartphone ou à Netflix

-         ou si l’iceberg sournois des réseaux sociaux à outrance vous guette,

sachez éviter le naufrage, reprenez la barre en main, revenez aux fondamentaux : la relation directe, bienveillante et amoureuse avec votre conjoint sans pollution d’écran, de connexion ou de débit, une relation dans la vérité et la confiance, comme à vos débuts lorsque vous commenciez à rêver au plan de votre bateau et aux voyages que vous feriez avec.

Et quand votre voilier aura vieilli, quand il aura fait plusieurs fois le tour du monde, vous constaterez que certes les voiles et les cordages sont peut-être fatigués comme vos corps, mais vous constaterez que elle, la coque, le fondement de votre amour dans le don mutuel n’aura jamais été aussi solide : toutes vos aspérités de jeune couple auront été sédimentés, polies par le temps et la mer.

Alors certains naviguent en solitaire, ou avec un co-équipier révocable à tout moment par le non engagement, vous, N et M par le mariage à l’Eglise vous vous engagez dans un voyage au long cours vers le bonheur, avec un skipper, un barreur, un capitaine de choix à vos cotés : le Christ.

Aussi, sur le plus haut des mats de votre voilier, hissez constamment le pavillon de l’Espérance. En effet, par votre mariage, dans les moments de joie comme de peine, le Christ sera toujours là comme boussole. Certes, Dieu n’est pas un magicien avec une baguette qui changerait le cours du temps. Non simplement, par son fils Jésus-Christ offert pour l’humanité entière, Dieu sera présent à vos côtés quoi qu’il arrive, il est au gouvernail et il fera souffler l’Esprit-Saint dans nos voiles pour toujours avancer : car il transforme aujourd’hui votre amour d’homme et de femme en sacrement.

Alors, ouvrons au Christ nos cœurs et nos âmes de naufragés de l’amour, il nous indiquera la route du bonheur, il nous donnera l’Espérance et la Foi.

Amen !

Diacre Jérôme MUTIN


RESURREXIT PORTAIL FOI CATHOLIQUE JEROME MUTIN