Le Jugement dernier

Les représentations du Jugement dernier ont marqué l'imaginaire à travers des retables du moyen-âge ou des œuvres cinématographiques beaucoup plus récentes, au point parfois d'en donner une évocation très éloignée du sens biblique. Quelques précisions théologiques s'imposent sur le Jugement dernier ...

Le jugement dernier ?

Depuis les premiers siècles, l'Église confesse que le Christ siège « à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d'où il viendra juger les vivants et les morts ». 

Aujourd'hui, le Jugement dernier est souvent associé, dans l'imaginaire nourri par l'iconographie occidentale, à un Dieu justicier et à des châtiments innombrables dans les flammes de l'enfer ...

Plusieurs jugements ?

La foi chrétienne distingue deux jugements. Le jugement particulier, lorsque l'homme, à sa mort, paraît devant Dieu. Ce jugement met en lumière la vie unique de cet homme.

C'est dire sa liberté et sa responsabilité personnelle. Ce jugement décide de sa destinée éternelle. Mais la foi est simultanément l’acceptation d’un message et un acte de confiance dans une Personne ...


Le sens du Jugement dernier

Le Jugement dernier n'est pas un procès, mais la manifestation de ce que l'homme aura fait de sa liberté. Le terme «jugement» traduit le grec krisis.

Il signifie  «discernement, tri, séparation». Dieu est non seulement le juge de la Loi, mais la Loi faite homme. «La rencontre avec Lui (le Christ) est l'acte décisif du Jugement...

Le Jugement dernier a-t-il déjà commencé ?

Il est impossible aux théologiens de rendre pleinement compte de réalités situées au-delà du temps sans avoir recours au langage temporel. 

Reste que, contrairement aux religions asiatiques, où le temps est cyclique, les religions abrahamiques considèrent que le temps est orienté d'un début vers une fin, marquée par le Jugement dernier...



Le retable du Jugement dernier de Beaune

Le Jugement dernier est un retable sous la forme d'un polyptyque en quinze panneaux du peintre Rogier van der Weyden (Tournai), appartenant au mouvement des Primitifs flamands, peint entre 1443 et 1452 pour l'Hôtel-Dieu de Beaune sur commande de son fondateur le chancelier de l'État bourguignon Nicolas Rolin.

Représentation du thème chrétien du Jour du jugement, il est à l'origine exposé au-dessus de l'autel de la chapelle de la grande salle des malades pauvres, pour que les malades puissent le voir de leur lit pendant les offices ; le retable était fermé les jours de semaine et ouvert les dimanches et jours de fêtes solennelles.

 

Cette représentation du Jugement dernier, si elle fait appel à la tradition iconographique de ce thème chrétien populaire à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance, laisse une grande place à l'imagination de son auteur.

 

Au centre, le Juge suprême, assis sur un arc-en-ciel, surveille saint Michel rendant son jugement (avec immédiatement de part et d'autre la Vierge et saint Jean le Baptiste).

 

Saints et apôtres indifférenciés (sans leurs attributs respectifs), sont posés sur des nuages et forment une cour céleste.

À terre, les morts se relèvent et saint Michel pèse leurs bonnes et mauvaises actions.

 

Jésus bénit de sa main droite (près des fleurs de lys, symbole de la Pureté d'ordre divine de la Vierge Marie) les justes et de sa main gauche (près de l'épée, symbole de justice divine) maudit les damnés.

 

Les uns sont précipités dans le feu éternel (à droite), tandis que les autres sont accueillis par un ange à la porte des cieux (à gauche).

 

L'absence de démons exerçant une contrainte physique sur les pécheurs, la force de la conscience se suffisant à elle-même, fait de cette œuvre un cas unique dans les représentations du Jugement dernier.




RESURREXIT PORTAIL FOI CATHOLIQUE JEROME MUTIN