La lumière en sa simple nudité

Les premiers moines cisterciens qui se retirèrent de la société au XIIème siècle, dans la solitude et le silence, s'étaient détournés du monde et de ses plaisirs futiles.

 

 

 


Ils pensaient ainsi franchir le pas, traverser l'écran des apparences pour s'avancer dans ce royaume éblouissant, dont la l'Ecriture enseigne qu'il se révélera dans sa plénitude au dernier jour.

 

Dans l'abbaye, le cloître, l'église, tous les bâtiments étaient conçus comme la préfiguration de la cité parfaite, d'un paradis retrouvé dont les moines, par leurs abstinences détiennent les clés.

 

La fonction symbolique des bâtiments conventuels explique le rôle premier qui s'y trouve assigné à la lumière. Celle-ci offre en effet, parmi tous les éléments de la nature, l'expression la plus convaincante de la proximité de Dieu.

 

Dans l'ordre de Cluny, on voulait que cette lumière fût triomphale. On cherchait à la revêtir d'ornements aussi somptueux que ceux des reliquaires ou de l'autel. On transposait sur les baies l'éclats multicolore des émaux et des pierres précieuses à tendre devant les rayons du soleil, tout un décors figuratif imagé en vitraux qui représentait, en le glorifiant, l'écho de la Parole sacrée.

 

Mais les moines cisterciens étaient d'un avis contraire. Ils jugeaient que, pour remplir sa mission d'illumination spirituelle, la lumière admise avec mesure dans l'enceinte de leur abbaye, devait rester telle que Dieu l'a faite, sans apprêt, sans artifice, splendide en sa simple nudité. 

 


RESURREXIT PORTAIL FOI CATHOLIQUE JEROME MUTIN