Pardon des chrétiens

 

Pardon des chrétiens

 

Le pardon chrétien n'est pas l'oubli du mal, d'autant qu'on n'oublie jamais, si le mal est un vrai mal. Conseiller à quelqu'un d'oublier le mal qu'il a subit n'est jamais un bon conseil. Certes, il y a des broutilles qui s'efface naturellement, mais il y a des choses qui nous peuvent nous blesser profondément, qui ne passeront a priori pas.

 

Cela appelle un véritable pardon, c'est à dire un pardon qui est souhaiter, qui a une date. Il ne s'agit pas de s'habituer à l'offense ou à l'humiliation, mais bien après un temps de recul de la pardonner : dans le pardon, il y a un avant et un après.

 

Attention aussi, comme nous pensons souvent qu'il faut être gentil pour être de bon chrétien, nous cherchons généralement des excuses : elle est fatiguée en ce moment, j'ai du toucher un point sensible, ce n'est pas ce qu'il a voulu dire...

 

L'excuse ne vaut que pour un mal involontaire : si vous me marchez sur le pied, je vous excuserai pour votre distraction et n'y aura vraisemblablement rien à pardonner.

 

 

 

Vérité

 

Mais il arrive que l'on nous fasse volontairement du mal, des choses certes inexcusables, mais pardonnables. Aussi, ce mal là n'est pas à excuser, sous peine de réduire l'autre à une espèce d'enfant irresponsable incapable de nous faire du mal. C'est ne pas traiter l'autre (l'offenseur) comme un vrai sujet capable de vouloir quelque chose.

 

Habiller aux couleurs du pardon l'oubli ou l'excuse, c'est se rendre complice du mal qu'on nous a fait en le travestissant. Le pardon passe toujours par la vérité. Il n'y a rien a attendre de la mièvrerie quand elle a lieu aux dépends de la vérité. Cela ne veut pas dire que toute la vérité est à dire tout de suite, dans le feu de l'action.

 

Il faut parfois un peu de temps pour retrouver le calme, la paix, pour faire la part des choses, quitte à s'éloigner : une femme battue qui pardonne à son mari violent au nom du pardon chrétien avec de pseudos excuses alors qu'il continue de la battre, n'a pas compris le pardon ; la première urgence est, pour elle, de se mettre en sûreté, et d'aimer certes son mari, mais comme on aime ses ennemis, c'est à dire de loin.

 

  

Humilité

 

Aussi, le vrai pardon demande de l'humilité, c'est peut-être cela qui rend le pardon si difficile, parfois même avec le temps. Il faut de l'humilité pour le demander, et il faut de l'humilité pour le l'accorder. C'est pour cela aussi, peut-être que le véritable pardon rapproche : deux personnes ont accepter de s'abaisser pour se rencontrer en vérité.

Vérité et humilité, sont les deux maîtres mots du pardon de la part des deux partis. S'il manque l'un ou l'autre, le pardon est impossible, car il est alors inenvisageable de regarder l'offense qui a blessé sans avoir mal.

 

Le miracle du pardon, ce n'est pas qu'il fait disparaître l'offense ou qu'il nous permet de l'oublier, mais bien qu'il nous permet de la regarder sans souffrir : on regarde l'offense comme protégé par une vitre, qui est le pardon. Et il devient impossible de repenser à l'offense sans penser en même temps à l’événement du pardon.

Il n'y a pas de vie chrétienne, sans pratique du pardon authentique lorsqu'il est possible entre le pardonnant et le pardonné.

 

Au final, le pardon rend humble, c'est à dire capable de Dieu.

 

 


RESURREXIT PORTAIL FOI CATHOLIQUE JEROME MUTIN