Chaque église a un chemin de croix, parfois oublié, parfois effacé. Si on y prête attention, notre humanité s'y reflète . A quoi bon la croix, si ce n'est pour vivre le chemin de notre humanité ?
"Si quelqu'un veut marcher à ma suite, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive" (Mt 16,24) Cette phrase abrupte de Jésus nous met devant un choix radial :
soit renoncer à Jésus, sois la croix, ou plutôt pour sa propre croix. Sans tomber dans le dolorisme, dans nos églises et chapelles, les croix sont toujours présentes, aux multiples facettes
allant du douloureux ou glorieux. Habituellement, c'est le Vendredi Saint que les fidèles se déplacent le long des 14 stations pour se remémorer la passion du Christ et prier.
Depuis vingt siècles, la mémoire des dernières heures de la vie de Jésus a retenu l’attention de l’Eglise et la piété des fidèles a trouvé dans le chemin de croix un moyen
d’exprimer sa dévotion en dehors de la liturgie proprement dite. Le Vendredi Saint, l’Eglise nous fait suivre le Christ
pas à pas dans le combat qu’il a accepté de vivre pour nous racheter de nos péchés.
Le chemin de croix qui accompagne Jésus vers sa mort est une contemplation active qui veut aider chacun à entrer dans le mystère de l’amour de Dieu, manifesté en son Fils. D’autre part, dans l’intercession pour le monde tel que Jésus l’a vécu en s’offrant sur la croix, une telle démarche ne
peut se faire que dans la perspective de sa Résurrection à Pâques. Le chemin de croix apparaît donc comme un pèlerinage « en esprit », c’est pourquoi il touche celui qui l’entreprend sous
trois aspects, tant physiques que spirituels : la marche, la méditation et l’intercession.
La marche
Pour épouser les sentiments du Christ, il est nécessaire d’avancer pas à pas. Pour entrer dans les profondeurs de l’amour du Père, il faut qu’un chemin se creuse, de station en
station. Le déplacement physique invite à un déplacement intérieur. Il s’agit de se laisser façonner par la marche, de suivre le Christ pas à pas, de nous laisser conduire sur le chemin qu’il
emprunte, et non de le précéder. Il s’agit d’entrer plus profondément dans notre condition de disciple.
La méditation
Le pas à pas s’accompagne du mouvement progressif de la méditation qui nous invite à faire mémoire du chemin accompli par Jésus lui-même. L’Evangile est le fondement de cette méditation qui appelle le pèlerin à une découverte progressive de la miséricorde du Père, en même temps qu’il est invité en
contemplant Jésus anéanti sous les coups de la Passion, à reconnaître en lui le Christ, Serviteur de l’amour du Père pour notre humanité.
L’intercession
Tout pèlerinage s’accompagne de prière. Dans le cadre du chemin de croix, la prière voudrait prendre en charge toutes les situations de souffrance,
d’épreuve, de détresse, de mort que nous rencontrons autour de nous dans la vie quotidienne ; toutes les vies des hommes de ce monde que le Christ, dans son mystère pascal, a offertes au Père.
La pratique du Chemin de croix peut se faire de manière solennelle, communautaire et processionnelle ou de manière privée, au sein d’une église ou même en pleine ville.
Quelles sont les stations du Chemin de croix ?
Le Chemin de la croix n’est pas un acte de sadomasochisme, il est l’unique qui vainc le péché, le mal et la mort, parce qu’il débouche sur la lumière radieuse de
la résurrection du Christ, en ouvrant les horizons de la vie nouvelle et pleine. C’est le Chemin de l’espérance et de l’avenir. Celui qui le
parcourt avec générosité et avec foi, donne espérance et avenir à l’humanité. Il sème l’espoir.
- 1e station : Jésus est condamné à mort
- 2e station : Jésus est chargé de sa croix
- 3e station : Jésus tombe sous le bois de la croix
- 4e station : Jésus rencontre sa Mère
- 5e station : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix
- 6e station : Véronique essuie la face de Jésus
- 7e station : Jésus tombe pour la seconde fois
- 8e station : Jésus console les filles de Jérusalem
- 9e station : Jésus tombe pour la 3e fois
- 10e station : Jésus est dépouillé de ses vêtements
- 11e station : Jésus est attaché à la croix
- 12e station : Jésus meurt sur la croix
- 13e station : Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère
- 14e station : Jésus est mis dans le sépulcre
- (15e station : avec Marie, dans l’espérance de la résurrection)
Traditionnellement les Chemins de croix comptent 14 stations, aujourd’hui, on ajoute parfois une 15ème station, celle du tombeau vide qui relie ainsi, en finale, toutes les stations à la
résurrection.
Forme historique :
Le nombre de stations a longtemps été variable, il est fixé à quatorze depuis le XVIIème siècle, selon l'ordre suivant :
- Jésus est condamné à être crucifié ;
- Jésus est chargé de sa croix ;
- Jésus tombe pour la première fois sous le poids de la croix ;
- Jésus rencontre sa mère ;
-
Simon de Cyrène aide Jésus à
porter sa croix ;
-
Sainte
Véronique essuie le visage de Jésus ;
- Jésus tombe pour la deuxième fois ;
- Jésus rencontre les femmes de Jérusalem qui pleurent ;
- Jésus tombe pour la troisième fois ;
- Jésus est dépouillé de ses vêtements et abreuvé de fiel ;
- Jésus est cloué sur la croix ;
- Jésus meurt sur la croix ;
- Jésus est détaché
de la croix et son corps est remis à sa mère ;
- Le corps de Jésus est mis au tombeau
Forme moderne ou évangélique
En 1991, le pape Jean-Paul II, soucieux de plus de vérité a supprimé les stations sans référence bibliques (5 au total : les 3 chutes, la rencontre avec Marie et avec Véronique)
pour les remplacer par d'autres. On y trouve aussi quatorze stations mais qui s'inspirent uniquement d'événements relatés dans les Évangiles.
- Jésus au jardin de Gethsémani ;
- Jésus trahi par Judas et arrêté ;
- Jésus condamné par le Sanhédrin ;
- Jésus renié par Pierre ;
- Jésus jugé par Pilate ;
- Jésus est couronné d'épines ;
- Jésus prend sa croix ;
- Simon de Cyrène aide Jésus à porter la croix ;
- Jésus rencontre les femmes de Jérusalem ;
- Jésus est cloué sur la croix ;
- Jésus promet son royaume au bon larron ;
- Jésus confie sa mère à Jean ;
- Jésus meurt sur la croix ;
- Jésus est mis au tombeau
Une quinzième station
En 1958, à l'occasion du centenaire des apparitions de la Vierge Marie à Lourdes, un chemin de croix a été construit et une quinzième station ajoutée : « Avec Marie dans l'espérance de
la résurrection ». Cette initiative s'est propagée : c'est le cas du chemin de croix moderne de la cathédrale d'Évry ou de celui de Caggiano. Le chemin de croix des jardins de l'oratoire Saint-Joseph du
Mont-Royal, à Montréal, comporte aussi une quinzième station : celle de la résurrection.
Notre-Dame-des-Champs, Avranches.
l'église Saint Jean à Lamballe dans un style naïf contemporain.