Abbé Pierre-Hervé GROSJEAN sept 2018

A tout âge, dans la fidélité de ces engagement, il faut faire preuve d'audace et de liberté dans ses choix de vie. Il ne suffit pas de savoir ce qu'on veut faire dans la vie, mais bien de savoir ce qu'on veut faire de sa vie. Le Pape François disait en 2016 : "Celui qui ne risque pas n'avance pas, tu te tromperas bien plus si tu restes immobile".

 

Pour qui et pour quoi suis-je prêt à donner vie ?

Les parents, les enseignants, les prêtres doivent encourager chacun à accomplir sa vocation.

Or notre vocation première est le don de soi. Notre vie est faite pour être donnée.

Avant même de parler de mariage ou de vocation religieuse ou sacerdotale (prêtre), à la base de toute vocation se trouve cette question : pour qui et pour quoi suis-je prêt à donner ma vie ?

C'est une question fondamentale : soit je vis ma vie pour moi, en propriétaire, soit je la donne. Tant que je n'ai pas accepté l'idée de donner ma vie, de vivre ma vie pour plus grand que moi, je ne peux pas aller plus loin.

 

Le don de soi est-il moins évident aujourd'hui ?

L'épanouissement personnel est un aspect biaisé du bonheur. Nous entendons sans arrêt : "Il faut que tu t'épanouissement, que tu te fasses plaisir, il faut que tu accomplisses tes rêves". Mais si je suis le but ultime de ma vie, je ne serai jamais comblé ! Le chemin d'un accomplissement authentique, c'est de se mettre au service des autres.

Les vies données de façon exceptionnelle par des grands témoins de notre temps (Abbé Pierre, sacrifice du gendarme colonel Beltrame, sœur Emmanuelle, soldats en protection de la paix, Père Jacques Hamel...) nous appellent à réfléchir sur la façon dont nous donnons au quotidien.

Pour la plupart des personnes, ce don se fera peut-être pas de manière spectaculaire, mais plutôt, comme disait Jean-Paul II, dans la fidélité du quotidien, dans une fidélité à vivre sa vie familiale, professionnelle, amicale, avec un cœur entièrement donné.

 

Que faire dans la vie, ou, que faire de sa vie ?

Bien souvent par désir de sécuriser le parcours professionnel de leur enfant, combien de parents en reste à des considérations uniquement matérielles ? Ainsi, si beaucoup de jeunes ont du mal à s'investir dans les études, c'est qu'on ne leur a pas donné le sens du pourquoi de leurs études, on ne leur a pas donné de 'mission'. On ne les éveille pas assez à cette idée très belle et motivante qu'ils ont une vocation, une mission dans ce monde.

La beauté du rôle des parents c'est d'être au service de la vocation de leur enfant, au-delà des projets qu'ils peuvent avoir pour lui. Cette vocation les dépasse ! Ce besoin de sécurité des parents peut brimer chez le jeune l'exercice d'une vraie liberté intérieure. La prudence est certes légitime. Mais sommes-nous encore capable d'entendre le Christ dire "Quitte tout et suis-moi !" ? Il y a certes un discernement à avoir, car la générosité a besoin d'être canalisée, accompagnée. Mais sommes nous capables de laisser bousculer par les appels du Christ lorsqu'ils touchent nos proches ?

 

Comment aider à discerner ?

D'abord en aidant la personne à prendre conscience qu'elle a une place unique dans le projet de Dieu : qu'elle découvre que sa joie sera de discerner cette vocation et d'y répondre. En témoignant aussi que la vie est d'autant plus belle quand elle est donnée pleinement, avec générosité. La personne doit aussi sentir concrètement que la joie de ses proches sera de la voir accomplir sa vocation, quelle qu'elle soit. Bien souvent, même avec sa famille une sorte de pudeur empêche de parler, alors on reste à la surface des choses : les notes, la filaire, le travail... Or, il faut aller plus en profondeur pour approfondir la réflexion,  que la personne construise son propre discernement.

Pour cela, il peut être utile de partager son itinéraire personnel, comment a-t-on soi-même discerné, comment des doutes ou des difficultés ont été surmontés, quel est ma joie aujourd'hui même au milieu des épreuves de la vie.

La confiance de la personne en ces propres capacités et aspiration, viendra des encouragements et de la reconnaissance que nous lui porterons. Ainsi, tous au long d'une vie, les paroles d'encouragement rendent capables, relèvent et font grandir. Il ne faut pas attendre pour dire à son enfant ou son conjoint tout le bien que l'on pense de lui, les talents qu'il possède et la joie qu'il est pour nous. Ce n'est pas pour en faire un vaniteux, mais bien l'encourager et lui demander "Que vas-tu faire de ces dons ?"

 

Accompagnement

Il faut parfois des 'relais' pour s'ouvrir au don de soi : des exemples de vie qui inspirent, des échanges porteurs de sens, pour construire ses propres choix, accompagner la liberté et ne pas choisir à la place de l'autre.Il est toujours précieux d'être accompagné pour apprendre à discerner et poser des choix. Pour être aussi encouragé, parfois relevé, de temps en temps réveillé sur notre chemin de vie chrétienne. Un regard extérieur, à la fois bienveillant et exigeant, va nous aider à nous poser les bonnes questions, en étant vrai avec nous-mêmes. L'élan amoureux  (ou l'élan d'un désir de consacrer sa vie à Dieu) ne dispense pas d'un vrai discernement spirituel et rationnel. Il ne s'agit pas de brider cet élan, mais bien de l'accompagner afin d'y apporter une réponse solide.

 

Peur de l'échec ?

Notre société, nous-même avons besoin de tout sécuriser. Or cela se conjugue mal avec la radicalité de l'Evangile. Jésus dit : "Viens et suis-moi". Il n'y a pas de contrat, pas d'assurance, mais bien sûr, la prudence a sa place dans un discernement, mais il faut garder malgré tout cette capacité à prendre des risques. Ainsi, le garçon qui se déclare à sa futur fiancée s'expose  la liberté de celle-ci, et inversement. "Comment puis-je être sûr que c'est bien lui, que c'est bien elle ?"  On n'est jamais "sûr". Ce sera lui ou ce sera elle parce qu'ils l'auront choisi. Certains attendent des 'signes' pour décider, des signes qui au fond les dispenseraient d'avoir à choisir. Non ! A un moment donné, après avoir pris les moyens de discerner, il faut prendre le risque de choisir. C'est la grandeur de l'homme et de la femme d'avoir reçu cette capacité à risquer sa vie, à remettre sa vie entre les mains d'un ou d'une autre, ou à donner sa vie au Christ.

 

Mariage ou célibat ?

Le mariage est inscrit dans notre nature humaine. "Dieu fit l'homme pour la femme, la femme pour l'homme." La vocation inscrite dans le cœur de tout homme et de toute femme, c'est la vocation conjugale, c'est l'appel à cet amour dans l'altérité, à donner la vie, à participer à l'œuvre de la Création. C'est l'élan naturel du cœur de l'homme. Il faut un appel de Dieu pour y renoncer. Non pas pour renoncer à l'amour, mais pour aimer autrement.

Il ne s'agit pas de nier notre nature. Pour être prêtre, il faut être pleinement homme ; pour être religieuse, il faut être pleinement femme. Mais on va orienter différemment ce désir de se donner. C'est pour cela que le célibat en tant que tel n'est pas de prime abord une vocation en soi. Ceux qui le vivent sans l'avoir vraiment choisi n'avaient souvent pas ce désir-là au départ. Les évènements de la vie on fait qu'ils se retrouvent à vivre un célibat qu'ils n'ont pas choisi. Tout l'enjeu va être d'habiter cette solitude et de vivre d'une autre façon cet appel au don de soi. Toute vie aura sa fécondité propre si elle est donnée.

 

Comment comprendre ce que Dieu attend de nous ?

La vocation ne peut-être reçue que dans un cœur qui est disponible. La première question à se poser est : "Suis-je vraiment libre ?"  Si par avance on met de côté une vocation, Dieu ne peut pas nous parler. Si on ferme la porte, il ne la forcera pas parce qu'Il nous a crées libres. Mais si nous croyons que Dieu veut notre bonheur, pourquoi avoir peur de ce qu'Il pourrait nous demander ?

 

Comprend-t-on toujours les desseins de Dieu ?

Une chose est certaine : le désir de Dieu n'ira pas contre le désir profond de mon cœur. N'en ayons pas peur ! Ces grands désirs que je peux éprouver, c'est bien Dieu qui les a déposés en moi. Cette aspiration à me donner, ce désir d'aimer et d'être aimé, vient de Lui. Voilà ce qu'il me faut découvrir au fond : le désir vrai de mon cœur, cet appel qui résonne au plus profond de mon âme. Si j'essaie de me rendre disponible, de cultiver une vrai liberté intérieure, un temps quotidien pour le Seigneur, une fidélité à mon devoir d'état de vie... alors le Seigneur saura utiliser les évènements joyeux ou douloureux, et les rencontres pour éveiller en moi ces désirs profonds.

 

Un signe ?

Même s'il ne faut pas forcement attendre un signe, Dieu peut tout de même nous envoyer des signes. Mais ces signes ne dispensent pas de discerner. Ils ne peuvent que nous accompagner dans notre choix, nous donner des éléments, nous soutenir. Dieu nous a crées libres, et Il respecte notre liberté. Bien sûr, on peut être profondément touché lors d'une veillée de prière, on peut être interpellé par le témoignage d'un consacré ou d'un couple, on peut être ému par telle jeune fille ou garçon, mais cela ne dispensera jamais de discerner afin de poser un choix libre.

 

La chasteté est-elle possible ?

La vrai question est : "A quoi Dieu m'appelle-t-Il ?"  Il me rendra toujours capable de ce à quoi Il m'appelle vraiment. Il faut bien sûr vérifier que j'ai bien les aptitudes minimales requises pour vivre telle ou telle vocation, cela fait partie du discernement. Mais Dieu ne peut pas me demander quelque chose qui me serait impossible. Une fois que je serai engagé, Dieu ne me laissera pas seuls avec mes fragilités face à une vocation qui de tout façon me dépasse, qu'il s'agisse de la vie consacrée ou du mariage. Il nous donnera toujours les grâces nécessaires : à nous d'être fidèles et de les accueillir. D'où l'importance de la vie de prière et des sacrements. Par le sacrement du mariage et de l'ordre nous est donnée la grâce de rester fidèle à notre vocation. 

 

Avoir été amoureux, et être prêtre ou religieuse ?

L'élan amoureux est inscrit dans notre nature humaine. Il se peut tout à fait qu'on l'ait ressenti avant de se sentir appelé à une vie religieuse ou sacerdotale. Le Seigneur appelle à la vie consacrée des hommes et des femmes qui auraient pu être de bons pères ou de bonnes mères de famille.

 

Dieu appelle moins aujourd'hui ?

Dieu n'appelle pas moins aujourd'hui qu'hier, et les jeunes se sont pas moins généreux qu'avant. Mais pour avoir des prêtres, des religieux, des religieuses, il faut d'abord avoir des chrétiens. Et le chiffre des vocations, le chiffre des entrées au monastère ou au séminaire, ne fait que suivre le chiffre des baptêmes. Mais l'enjeu de ces vocations porte sur la question du Salut. Si on ne comprend pas le besoin de ce monde d'être sauvé, si on ne conçoit pas l'enjeu et le poids d'éternité de chaque vie, si on pense que le paradis est automatique pour tous, quoi qu'on fasse, quoi qu'on croie, alors on en voit pas très bien pourquoi un jeune renoncerait à fonder une famille et viser une réussite sociale pour entrer au monastère ou pour donner sa vie comme prêtre. La radicalité du don que Dieu demande aux religieux et aux prêtres n'est compréhensible que dans une foi profonde, quand on comprend pleinement l'enjeu immense d'éternité sur la question du Salut. Aider ne serait-ce qu'une seule personne à accueillir le Salut offert par le Christ vaut largement la peine de donner toute sa vie. On n'est pas là simplement pour que le monde aille mieux... mais pour se laisse sauver !

 

Fécondité de vie

Quelle que soit votre vocation, toute vie peut-être féconde. Même la vie la plus fragile, la plus abimée, la plus courte, peut-être belle quand elle est donnée : on a tous été touchés par des vies d'enfant ou de jeune qui sont partis trop tôt, mais dont la façon de vivre a rendu leur vie lumineuse et féconde. Même si je ne suis pas encore prêt à me marier, à entrer au séminaire, au monastère, je peux déjà me donner vraiment dans ce que je fais et déjà porter du fruit. En me donnant dès maintenant, je me prépare à me donner demain. Mes petits "oui" d'aujourd'hui préparent mes grands "oui" de demain.

 

Bonheur

Plus on avance dans la vie, et plus il y a dans notre vie du définitif. Voilà pourquoi les années passant, on n'ose plus parler du bonheur qu'avec précaution : la vie nous a appris à être raisonnable. On a appris, parfois douloureusement, à renoncer à la soif d'absolu autrefois si impérieuse. On s'habitue au confort, à la routine, sans héroïsme et sans méchanceté. C'est déjà bien de ne pas faire de mal autour de soi. Et alors on parle plus du tout du bonheur.

De ce point de vue les chrétiens sont comme les autres. Mais pourtant, le bonheur, l'Evangile en parle à toute les pages et lui donne plusieurs noms : la vie éternelle, le Royaume de Dieu, la joie, la communion avec Dieu... Et contrairement à ce qu'on croit souvent, l'Evangile ne le promet pas pour l'au-delà, après la vie terrestre. Le Christ ne promet pas, il donne ; il n'annonce pas pour demain, mais parle d'aujourd'hui. Et la vie chrétienne, c'est d'avoir le courage de ne pas renoncer à la joie, le courage de rechercher le bonheur, et non pas d'aller chercher ailleurs la satisfaction de ce besoin d'éternité, d'aller la chercher dans ce qui ne peut le donner, dans une tranquillité confortable ou une absence de souffrance.

 

Vocation

Si la vocation est, comme l'indique l'origine de ce mot, l'appel de Dieu, alors elle ne peut être que personnelle et unique. Aussi, trouver sa vocation, ce n'est pas forcement identifié dans quelle boite en carton prédisposée Dieu veut que nous rentrions. Il y a autant de vocation que de personnes, parce que la vocation n'est que l'autre nom de la vie spirituelle, de la vie chrétienne, de la vie tout court que Dieu veut nous proposer. Voilà pourquoi l'Evangile ne nous donne pas à lire des discours généraux sur la vocation, mais nous raconte des vocations concrètes, singulières. Personne n'est jamais le premier des chrétiens. Nous ne sommes pas devenus chrétiens sans que d'autres chrétiens nous précèdent. Certains de ces chrétiens nous ont aidés à l'être, les parents souvent, mais pas seulement, parfois des rencontres ou des exemples de vie transparaissent à travers des chrétiens lumineux, mais parfois discrets, dont la foi profonde et joyeux nous a indiqué qu'il y avait du bonheur à suivre le Christ. Ainsi, aucune vocation n'a été première. Il a fallu d'autres vocations, des vocations préalable, pour la produire. Ce n'est pas un petit paradoxe, si la vocation est la chose la plus personnelle qui soit, une affaire entre le Christ et nous, il faut toujours qu'elle implique d'autres personnes.

 

Un vocation : aimer son prochain

Pour St Jean, "celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il dire qu'il aime Dieu qu'il ne voit pas ?". On raconte dans la tradition ancienne des Pères du désert, qu'un jour le diable, déguisé en pauvre était venu frapper à la porte d'un monastère pour tenter les moines. Il frappe, pas de réponse. Il frappe à nouveau, sans plus de succès. Il frappe, il appelle ; derrière la porte on lui repond enfin : "Que veux-tu ?". "Je sui un pauvre, dit le diable. J'ai besoin de votre aide." On lui répond : "Laisse-nous, nous sommes en train de prier." Alors le diable se réjouit : inutile d'entrer, remarque-t-il. Je suis déjà à l'intérieur." Comme il se cache à l'intérieur de toute enceinte dont la porte est solidement close.

L'amour que nous devons au prochain est toujours dérangeant ; s'il ne nous dérange jamais, c'est que nous n'avons pas commencé à l'aimer. Bien sûr que cela est compliqué, bien sûr que cela peut remettre en cause un confort, matériel ou non, par ailleurs parfaitement légitime ; mais précisément, c'est le principe, c'est l'idée, la charité n'est pas autre chose. Car non seulement l'amour fait du bien au prochain, mais cela fait aussi du bien à celui qui aime, parce qu'il a là l'occasion de sortir de la prison de ses habitudes confortables. L'alternative au dérangement, ce n'est pas la tranquillité, c'est l'isolement choisi et accepté pour l'éternité : l'enfer ...

Aussi, nous devrions être reconnaissant envers les gens qui nous dérangent. Ils nous évitent de vivre une vie chrétienne rangée. Ils nous sauvent de la catastrophe qui transforme l'ascèse en confort, le silence contemplatif en indifférence polie, le face-à-face avec le Dieu vivant en sieste prolongée. Ils permettent à l'esprit de notre vocation de reprendre vigueur, de revivre en nous comme au premier jour ; ce jour où nous nous sommes laissé déranger par le Christ. Car sans dérangement, il peut il y avoir du contentement, du plaisir, de la satisfaction, mais il n'y aura jamais de la joie profonde, qui elle ne peut provenir que de Dieu lui-même.

 

Qui suis-je ?

Dans tout discernement, il y a une part de narcissisme nécessaire pour un temps, parce qu'il faut bien au final répondre à cette question qui peut empêcher de vivre tant qu'on n'y trouve pas de réponse : au fond, qui suis-je ? C'est aussi une question que Jésus pose à ses disciples dans l'Evangile : pour vous, qui suis-je ? Mais en réalité, ces deux questions, "Qui suis-je ?" et "Qui est Dieu ?", ne sont pas des questions concurrentes, ni radicalement différentes. On ne peut répondre à l'une sans l'autre. C'est la rencontre de Dieu qui me dit qui je suis, mais si je m'ignore, si je me néglige, où pourrai-je rencontrer Dieu ? On ne rencontre Dieu qu'en soi-même : dans son intériorité, sans doute, mais surtout dans sa vie.  C'est à dire avec notre corps, notre personnalité, nos envies, nos talents, nos faiblesses. Notre vie est donc la véritable terre promise que nous sommes invités à habiter. Et le paradoxe, c'est qu'il faut sortir de chez soi pour aller vers soi.

 

Je ne suis pas ...

Dans le discernement vient forcement un moment l'étape du "je ne suis pas". Je ne suis pas celui que j'ai rêvé d'être, celui que mon ambition ou ma volonté de puissance voulait que je sois. Je ne suis pas ce que vous avez espérez. Je ne suis pas : j'ai accepté mes limites, mon néant, et ce n'est pas une triste résignation. Au contraire, il y a de la douceur dans ce chemin. Accepter son néant c'est ouvrir un espace où, comme au premier Jour de la Genèse, Dieu peut encore créer. C'est reconnaitre que je ne suis rien par moi-même, parce que je reçois tout de Dieu, tout le temps.

Je ne suis pas, tant que je suis seul. Je ne suis, que parce qu'un autre me fait exister. Que parce que Dieu, parce que le véritable "Je suis", me maintient constamment dans l'être et me fait découvrir peu à peu qui je suis vraiment. Non pas le fruit des projections des uns et des autres, pas plus que de mes propres projections, mais bien le fruit de son amour infini, qui me conduit avec douceur du néant à l'être, d'une vie sans but à la vie divine.

 

 

 

Pour Don Louis-Hervé, responsable de la formation des futurs prêtres de la communauté Saint-Martin, le discernement c'est d'abord une histoire de cœur avant d'être une prise de tête. Parce que Dieu nous aime, il a un plan pour chacun de nous et il s'agit d'écouter nos désirs profonds pour répondre à notre vocation :


RESURREXIT PORTAIL FOI CATHOLIQUE JEROME MUTIN